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Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/70

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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

c’était un rouge très précis strictement subordonné à la couleur du vert, et non n’importe quel rouge. Si l’impressionniste avait connu cette loi : l’ombre se teinte toujours légèrement de la complémentaire du clair, il lui eût été aussi facile de mettre le rouge exact, violacé pour un vert jaune, orangé pour un vert bleu, que le rouge quelconque dont il s’est contenté.

Il est difficile de comprendre en quoi la science aurait pu, en cette occasion, nuire à l’improvisation de l’artiste. Au contraire, nous voyons bien les avantages d’une méthode empêchant de tels désaccords qui, pour minimes qu’ils soient, ne favorisent pas plus la beauté d’un tableau que des fautes d’harmonie celle d’une partition.

9. L’absence de méthode fait que souvent l’impressionniste se trompe dans l’application du contraste. Si le peintre est bien en forme ou le contraste très visiblement écrit, la sensation, nettement ressentie, trouvera sa formule exacte ; mais dans des circonstances moins propices, perçue à l’état vague, elle restera inexprimée ou se traduira d’une façon imprécise. Et il nous arrivera de voir, dans les tableaux impressionnistes, l’ombre d’une couleur locale n’être pas l’ombre exacte de cette teinte, mais d’une autre plus ou moins analogue, ou bien une teinte n’être pas modifiée logiquement par la