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Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/81

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APPORT DES NÉO-IMPRESSIONNISTES

résister à l’enseignement des professeurs. Au cours de ces études, il constata que ce sont des lois analogues qui régissent la ligne, le clair-obscur, la couleur, la composition, tant chez Rubens que chez Raphaël, chez Michel-Ange que chez Delacroix : le rythme, la mesure et le contraste.

La tradition orientale, les écrits de Chevreul, de Charles Blanc, de Humbert de Superville, d’O. N. Rood, de H. Helmholtz le renseignèrent. Il analysa longuement l’œuvre de Delacroix, y retrouva facilement l’application des lois traditionnelles, tant dans la couleur que dans la ligne, et vit nettement ce qui restait encore à faire pour réaliser les progrès que le maître romantique avait entrevus.

Le résultat des études de Seurat fut sa judicieuse et fertile théorie du contraste, à laquelle il soumit dès lors toutes ses œuvres. Il l’appliqua d’abord au clair-obscur : avec ces simples ressources, le blanc d’une feuille de papier Ingres et le noir d’un crayon Conté, savamment dégradé ou contrasté, il exécuta quelque quatre cents dessins, les plus beaux dessins de peintre qui soient. Grâce à la science parfaite des valeurs, on peut dire que ces blanc et noir sont plus lumineux et plus colorés que maintes peintures. Puis, s’étant ainsi rendu maître du contraste de ton, il traita la teinte dans le même esprit : et, dès 1882, il appliquait à la couleur les lois du contraste et peignait avec des éléments séparés — en