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Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/96

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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

Dans ces principes d’art, qui sont ceux de la division, est-il question de points ? trace d’une mesquine préoccupation de pointillage ?

On peut d’ailleurs diviser sans pointiller.

Tel croqueton de Seurat, enlevé d’après nature, sur un panneau, dans le fond d’une boîte à pouce, en

quelques coups de brosses, n’est pas pointillé, mais divisé, car, malgré le travail hâtif, la touche est pure, les éléments sont équilibrés et le contraste observé. Et ces qualités seules, et non un pignochage minutieux, constituent la division.

Le rôle du pointillage est plus modeste : il rend simplement la surface du tableau plus vibrante, mais n’assure ni la luminosité, ni l’intensité du coloris, ni l’harmonie. Car, les couleurs complémentaires, qui sont amies et s’exaltent si elles sont opposées, sont ennemies et se détruisent, si elles sont mélangées, même optiquement. Une surface rouge et une surface verte, opposées, se stimulent, mais des points rouges, mêlés à des points verts, forment un ensemble gris et incolore.

La division n’exige nullement une touche en forme de point. — Elle peut user de cette touche pour des toiles de petite dimension, mais la répudie absolument pour des formats plus grands. Sous peine de décoloration, la grandeur de la touche divisée doit se proportionner à la dimension de l’œuvre. La touche divisée, changeante,