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Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/99

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LA TOUCHE DIVISÉE

hommage à la nature en s’efforçant, comme font les néo-impressionnistes, de restituer sur la toile son principe essentiel, la lumière, ou en la copiant servilement du plus petit brin d’herbe au moindre caillou ?

Au surplus, nous souscrirons à ces aphorismes de Delacroix :

« La froide exactitude n’est pas l’art.»
« Le but de l’artiste n’est pas de reproduire exactement les objets.»
« Car, quel est le but suprême de toute espèce d’art, si ce n’est l’effet ? »

7. L’effet recherché par les néo-impressionnistes et assuré par la division, c’est un maximum de lumière, de coloration et d’harmonie. Leur technique semble donc convenir fort bien aux compositions décoratives, à quoi, d’ailleurs, certains d’entre eux Font quelquefois appliquée. Mais, exclus des commandes officielles, n’ayant pas de murailles à décorer, ils attendent des temps où il leur sera permis de réaliser les grandes entreprises dont ils rêvent.

À la distance que supposent les dimensions habituelles des œuvres de ce genre, la facture, convenablement appropriée, disparaîtra et les éléments séparés se reconstitueront en lumières colorées éclatantes. Quant aux touches divisées, elles seront aussi invisibles que les hachures de Delacroix dans ses décorations de la galerie d’Apollon ou de la bibliothèque du Sénat.