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Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/127

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L’ÉCRIN DISPARU

— Docteur, je ne mérite pas tous ces remerciements, car ma visite a un but utilitaire que je ne veux pas vous dissimuler le moins du monde. En deux mots voici le fait : je viens interviewer un de vos pensionnaires et pour cela, il me faut l’autorisation du médecin-chef.

— L’autorisation, vous pouvez le croire, ne donnera lieu à aucune péripétie émotionnante ; pourtant, il me faut connaître le nom du patient, car, il est certains d’entre eux, qui volontiers pousseraient la courtoisie jusqu’à étrangler l’interviewer, si les questions les importunaient par trop !…

— Le pensionnaire en question, vous a été amené hier, il se nomme Albert Dupras et je n’ai pas la moindre appréhension d’être étranglé par lui.

— A. Dupras ? oui, en effet, on nous a amené hier ce jeune homme et je l’ai accepté sur le certificat du Docteur Smith, auquel je dois téléphoner dans l’après-midi, pour le prier de faire transférer son client ailleurs.

Ce fut au tour de Parizot de s’étonner :

Ailleurs ?… et pourquoi ?… est-ce que la place vous fait défaut ici ?

— Non, pas le moins du monde, étant donné surtout, que c’est la famille Giraldi, qui s’est offerte à payer pour un traitement de première classe.

Elles sont si rares les familles qui consentent à se mettre en frais pour les malheureux aliénés !… Si Dupras doit sortir d’ici au plus tôt, c’est non par manque de place, mais pour une raison plus péremptoire encore : il n’est pas fou.

— Pas fou ?… répéta Parizot interloqué ; mais alors !… il n’acheva pas, la conclusion s’imposait à son esprit. Dupras s’était accusé du meurtre de Jean ; si le Professeur n’était pas fou, il était donc réellement coupable ; son aveu spontané ne s’expliquait que par l’une ou l’autre hypothèse.

Vous pouvez m’en croire, affirma le Docteur, je suis loin de mettre en doute la bonne foi de mon confrère le Docteur Smith ; il est si facile à qui n’a pas spécialement étudié les maladies mentales, de se tromper aux apparences…

J’ai examiné Dupras, je l’ai questionné, il vient de subir une forte commotion. Sa mère, paraît-il, est morte depuis quelques jours ; ce coup l’a atteint après un surmenage intellectuel ; peut-être à la suite d’un chagrin. D’autre part, il présente des signes de névrose, et il est compréhensible que dans ces conditions, il ait donné lieu à son entourage de le prendre pour fou.