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Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/130

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L’ÉCRIN DISPARU

VII

LE RÉCIT DE DUPRAS


Dès que le Docteur eut fermé la porte :

— Mon cher Dupras, croyez-moi, s’écria Parizot, je suis venu ici dans votre intérêt : il faut que vous me disiez toute la vérité.

— La vérité !… je l’ai dite…

Le jeune homme avait déjà repris l’expression égarée des jours précédents. Parizot lui prit la main, et parlant doucement comme à un enfant malade :

— Mon pauvre ami, quoi que vous ayez dit. personne encore ne veut croire à votre culpabilité : on ne s’improvise pas criminel si facilement… Ni Monsieur Giraldi, ni sa famille n’ont encore fait part à la justice de vos prétendus aveux.

C’est sans doute le cauchemar d’une nuit de fièvre que vous aurez pris pour la réalité. On est tellement persuadé de votre innocence, que la scène de l’autre soir, a été tenue secrète ; les domestiques même, n’en ont rien su.

— Vous croyez cela, Monsieur Parizot ? reprit Dupras avec un sourire étrange ?… Eh bien ! moi, je vous assure que le vieux Harry est déjà au courant de tout.

Parizot regarda son interlocuteur, frappé de la manière dont il avait accentué les dernières paroles, et il se souvint que Lédia avait fait allusion aux bizarres procédés de Dupras, vis-à-vis du chauffeur de Madame Giraldi.

— C’est donc Harry que vous soupçonnez ?… dit-il en baissant involontairement la voix.

— Je n’accuse que moi, je n’ai pas eu de complices.

Et dégageant sa main d’un geste brusque, le jeune homme alla se jeter dans un fauteuil à l’autre extrémité de la chambre.

— Réfléchissez, insista Parizot : il n’y va pas seulement de votre vie, mais de votre honneur. Voudriez-vous infliger à votre nom, la flétrissure d’une pareille ignominie ?

— Ma mère est morte, reprit-il amèrement ; je n’avais qu’elle au monde, ma condamnation ne flétrira que moi !…

Un instant Parizot demeura silencieux ; il n’était pas désemparé, mais songeait à ses nouveaux moyens d’attaque.

— Vous ne voulez pas me livrer votre secret, reprit-il, et c’est naturel ; nous nous connaissons depuis si peu de temps !…