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Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/47

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L’ÉCRIN DISPARU

Restée seule avec les enfants, Lucie attendait le retour de son mari avec une résignation plutôt inquiète. Les journaux, heureusement gardèrent le silence sur ces tentatives criminelles qui avaient menacé Léo et dans son œuvre et dans sa vie.

Or, la démonstration attendue, la grande épreuve qui devait consacrer officiellement le triomphe ou échec du moteur nouveau, devait avoir lieu à Chicago le 26 juillet au grand Vélodrome de la Cité.

Six maisons ou Compagnies formant un total de 14 machines avec des modèles différents de moteurs, allaient entrer en concurrence. Par une après-midi splendide, la foule des spectateurs, évaluée à plus de cent mille, avait envahi les gradins de l’estrade, dont la toiture, ce jour-là, devait être particulièrement appréciée, étant donnée l’ardeur du soleil.

Partagées en deux séries, les voitures portant leur grand numéro matricule à l’avant, viennent s’aligner devant le kiosque surélevé où trône le Jury. Armé d’un puissant porte-voix, le Gérant-Directeur des courses, rappelle en termes sonores quelques articles du règlement, puis le coup de cloche retentit. C’est un spectacle magnifique, véritable salon de l’Automobile qui remue comme au Cinéma.

La piste est à la fois la ligne de mire et la trajectoire du projectile qu’est la voiture. Il y a le chemin à suivre, le voisin à éviter, le rival à dépasser. Il n’y a pas que la vitesse qui tende ses pièges mortels : les nerfs du chauffeur, les cris des assistants, les cent mille paires d’yeux qui l’électrisent, la victoire qu’il entrevoit dans un nimbe lumineux, autant de stimulants à contrôler, de dangers à éviter…

Le neuvième et avant-dernier tour de piste va être achevé par la voiture qui détient le record de la vitesse ; elle est suivie de près par la voiture No 7 que dirige Giraldi lui-même. Quatre concurrents sont encore en présence. De nouveau la cloche a sonné rappelant que ce tour, qui est le dernier, va être décisif.

Avec une ardeur égale, les deux rivaux de tête luttent de vitesse et se distancent à peine de quelques pieds. C’est alors qu’au sein d’une immense clameur de cent mille voix, le « Char » de Léo Giraldi, rasant pour ainsi dire la clôture, parvient au tournant à se glisser entre celle-ci et son rival et franchit la ligne du but par un pied d’avance sur son concurrent. Dans un tonnerre d’applaudissements où s’agitent cannes chapeaux et mouchoirs, éclatent les hourras pour le No 7.

Une semblable épreuve ayant eu lieu pour la deuxième série de voitures, on mit alors en présence les vainqueurs de chaque course pour décider du championnat final.