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Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/64

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L’ÉCRIN DISPARU

Pendant la conversation, ses yeux ne cessaient de regarder toutes choses avec une sorte d’avidité ; il s’informa, en particulier, si la disposition des appartements avait été modifiée depuis l’époque de la mort de mon prédécesseur.

Il était bien près de trois heures et demie, quand il se décida à se retirer, après force témoignages de gratitude de sa part et une joie non équivoque de la mienne.

— Sans avoir dit son nom, questionna Hippolyte ?

— C’est justement ce que me fit remarquer mon fils après le départ de cet original ; et dire que je n’ai pas même eu l’idée de m’en informer !… Autre détail que je viens d’apprendre du voisin : c’est qu’en dépit des affirmations catégoriques de l’inconnu, cet immeuble, de père en fils a appartenu aux «Raimbaud » depuis plus d’un siècle. De sorte que nous sommes à nous demander, mon fils et moi, qui est cet individu, et quels motifs secrets ont pu l’amener ici ?…

— Elle est étrange, en effet, cette visite.

— D’autant plus que débarqué d’avant-hier, il emploie, paraît-il, son temps, à circuler de droite et de gauche, se liant facilement, causant beaucoup, faisant parler davantage encore, ayant la bourse grande ouverte et les pourboires faciles. On dit l’avoir vu dans les « Shops » des fils d’Abraham qui peuplent la rue Craig et le boulevard St-Laurent, où il se fait passer pour un antiquaire-amateur, en quête de meubles anciens.

Descendu au Queen’s Hôtel, il y aurait, paraît-il passé la matinée, en tête-à-tête avec un nommé Dupras, employé chez un opticien.

Hippolyte fit un mouvement.

— Un nommé Dupras ?

— Oui, fit l’horloger, il paraîtrait même que ce jeune homme était commis chez mon prédécesseur et qu’il fut témoin de sa mort. Quoi qu’il en soit, vous avouerez comme nous, Monsieur, que les agissements de cet individu, sont pour le moins bizarres, n’est-il pas vrai ?

Hippolyte ouvrit la bouche comme pour une autre question : mais il réfléchit sans doute, car il se tut.

Le temps de cette conversation avait suffi à un employé pour régler la montre qui, d’ailleurs, n’avait eu besoin que d’être huilée, après un léger nettoyage.

Se levant pour partir, Hippolyte voulut payer son compte :

— Ce ne sera rien cette fois-ci, Monsieur, il y avait si peu à faire. À une autre fois le plaisir de vous obliger !… Veuillez s’il vous plaît présenter mes hommages à monsieur Giraldi.