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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/127

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ler ses pensées et ses actions. Rien que pour le concevoir, il a déjà fallu que le poète eût une haute idée de l’aptitude morale de la femme, de la dignité non équivoque de sa nature et de son caractère, de l’indépendance conjugale dont elle est en droit de jouir, et dont elle jouissait effectivement au sein de la nation juive. C’est l’exemple qu’il a sous les yeux qui lui donne la conception de l’idéal, c’est la réalité dont il est témoin qui le transporte vers la contemplation du type, et ce n’est certes pas au milieu d’une société où la femme se fût trouvée reléguée au dernier rang, qu’il lui serait venu la pensée d’en tracer un portrait aussi élevé, aussi achevé, lequel alors n’eût été qu’une amère ironie, une sanglante injure, et non un chant élogieux méritant de passer à la postérité la plus reculée.

Dignité de l’homme, dignité de la femme, c’est donc pour le Judaïsme une seule et même chose. L’homme seul, s’écrie le Talmud, aurait-il besoin de vivre et non la femme[1] ? » La dignité de l’un n’est ni plus ni moins excellente que celle de l’autre. L’homme et la femme ayant été créés à l’image de Dieu, tous deux tirent de là leur noblesse respective, cette noblesse qu’ils possèdent au même titre et qui se trouve revêtue de caractères identiques. Aussi allons-nous voir la doctrine israélite les confondre dans le même respect. Et ce respect de la dignité humaine prise en général, la doctrine israélite a soin de le formuler très catégoriquement.

Il trouve sa première expression dans la loi sur l’homicide. « Celui qui verse le sang d’un homme, par l’homme son sang sera versé, car l’homme est fait à l’image de Dieu[2]. » N’attentez pas à la vie de celui qui porte en lui une empreinte

  1. Traité Choulin, p. 34.
  2. Genèse, ch. IX, v. 6.