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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/145

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de la valeur des hommes, que Jésus ou ses successeurs sont arrivés à une aussi triste conséquence.

On ne s’attend pas à ce que Mahomet, qui est parti du même principe déplorable, ait marchandé davantage l’expression de la conséquence qui en découle si rigoureusement. Avee un cœur moins humain et des sentiments moins empreints de clémence, le fondateur de l’Islamisme a dû passer tout de suite à l’offensive, à l’attaque contre les infidèles qui lui apparaissaient tous comme des êtres indignes. Se résigner à voir sur la terre, pour les y laisser vivre tranquillement, des hommes qui se refusent obstinément à effacer une prétendue tache originelle par l’acceptation d’une croyance spéciale ; se borner à prédire la scission qui se ferait entre ces hommes et ceux qui s’attacheraient à la nouvelle foi, cela pouvait être le fait d’une âme aussi généreuse que l’a été celle de Jésus ; mais à Mahomet la résignation passive ne pouvait convenir ; il lui fallait l’action, la persécution, l’extermination. Aussi, voyez avec quelle fureur il y excite, il y pousse ! « Lorsque vous rencontrez des infidèles, » eh bien ! tuez-les au point d’en faire un grand carnage ; en » tout cas, enchaînez-les bien, combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de tentation[1]. » Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de tentation ! c’est bien là la grande erreur qui consiste à placer la source du mal dans l’homme et non dans le monde extérieur, à ne voir partout, depuis le péché d’Adam, que des âmes corrompues, et à déclarer pour telles toutes celles qui ne veulent pas acheter leur régénération, leur purification, au prix d’une foi nouvellement importée.

Et s’il en est ainsi de ces âmes durant leur existence terrestre, si elles sont vraiment dans un état d’abjection, si elles

  1. Coran, ch. XLVII et ch. VIII.