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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/155

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d’avoir su rompre à temps avec les funestes suites du fatalisme des anciens peuples, lorsqu’elle en est venue à dire son mot sur la destinée humaine. Nous sommes les premiers à lui en tenir compte, et à la féliciter cordialement de l’effort qu’elle a fait pour se rejeter brusquement dans le Judaïsme, quand elle a vu que son dogme de la prédestination allait l’amener à glorifier la vie inactive et grossièrement sensuelle des nations orientales. Tout ce que nous avons voulu constater, c’est que, rigoureusement parlant, il serait permis de dénier au Christianisme le droit de parler de destinée humaine. Cette réserve faite, nous lui rendons grâce de s’être joint de bonne heure à la doctrine israélite pour dire à l’homme, qu’il a autre chose à faire que de s’occuper toujours de la satisfaction de ses besoins matériels, et que son premier mouvement, lorsqu’il arrive à se posséder dans les belles facultés de son âme, doit être de se rapprocher de Dieu, et de persister durant sa vie entière dans ce noble désir, tout en ne négligeant pas de remplir ses devoirs envers la société dont, du reste, il amènera infailliblement la sanctification par la sienne propre. Mais est-ce bien là, en effet, ce que prêche le Judaïsme ? C’est ce que nous avons maintenant à élucider pour prouver que la destinée humaine possède en lui un juste appréciateur.

Il serait par trop étrange que la religion juive que nous avons trouvée jusqu’à présent dans l’exacte vérité à l’endroit de chaque question que nous lui avons posée. sur Dieu et sur l’homme, vînt tout à coup se tromper sur la plus importante de toutes, celle qui regarde notre destinée ici-bas. Car, faut-il faire de longues réflexions pour reconnaitre que notre fin dernière n’est pas de satisfaire aux exigences du corps, et d’être en tout temps les fidèles serviteurs de ses besoins matériels ? S’il en était autrement, il faudrait avouer que nous sommes fort singulièrement constitués ; notre existence ne serait plus alors