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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/174

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envieux et jaloux, il vivra en paix avec lui-même et avec les autres, et il ne se sentira plus jamais consumé du feu dévorant des mauvaises passions. Mais qu’il ne se sente plus jamais agité par elles, qu’il n’ait plus à lutter contre leurs séductions, comme d’autre part, qu’il n’ait plus à redouter du tout l’influence destructive du temps, et que les maladies et la mort se tiennent pour jamais éloignées de lui, c’est ce que l’homme ne pourra pas espérer. L’enseignement juif est là-dessus formel et catégorique : « Qu’il ne nous vienne pas à l’esprit, dit Maïmonide, d’affirmer qu’au temps du Messie les lois de la nature soient tout d’un coup modifiées. L’Univers continuera à suivre le mouvement que le Créateur lui a imprimé dès le principe. Ce qui, dans les livres des prophètes, semble témoigner du contraire, doit être pris au figuré[1] ». Sur la terre, l’homme ne saurait recevoir l’immortalité en partage. Les biens et les richesses se trouveront toujours, dans ce monde, inégalement réparties… Mais, laissons Maimonide achever l’exposé de ses idées sur l’époque messianique, idées qui font autorité dans la Synagogue, parce qu’elles sont le résumé et comme la quintessence de celles du Talmud sur le même sujet : « Ce qui sera encore assuré alors, c’est la liberté d’Israël, lequel ne sera plus arrêté dans l’accomplissement de ses devoirs, par d’injustes et cruelles persécutions. Tous les peuples s’uniront à la maison de Jacob pour adorer le Dieu éternel. Des trésors de sciences et de connaissances rempliront la terre. Une paix inaltérable y règnera. La race du Messie se succédera, de descendants en descendants, sur le trône de Jérusalem. Celui que Dieu nous aura envoyé pour nous délivrer, ne sera pas plus immortel que nous… Et ce dont nous jouirons alors, ce

  1. Maïmonide Iad Nachsalah Hilchoth Melachim. chap. 12.