Aller au contenu

Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’inégale, et, en apparence, l’inique répartition des félicités terrestres, tend sans cesse à froisser et à fausser. Lisez les Évangiles et le Coran ! A chaque pas vous trouvez la croyance à la vie future invoquée et prêchée comme complément et comme correctif de la vie de ce monde, dans ce qu’elle peut avoir d’incomplet ou d’outré par rapport à la rémunération respective les bonnes et des mauvaises actions. « Vous serez bienheureux, vous qui êtes malheureux maintenant[1] ; « ne comprenez-vous pas que la vie de ce monde n’est qu’un jeu et un passe-temps, tandis que la vie future vaut mieux pour ceux qui craignent ?[2] » Voilà de quelle façon Jésus et Mahomet ont cherché à relever et à fortifier le courage abattu, le zèle refroidi, le sentiment religieux éteint ou assoupi, l’amour du devoir attiédi chez les hommes dont ils ont voulu faire leurs disciples : « Que craignez-vous encore, leur disaient-ils ! D’être persécutés sur la terre ! Mais la récompense est grande dans le ciel pour ceux qui ont été persécutés. Plus vous aurez pleuré ici-bas, plus il vous sera pardonné là-haut. Ne vous inquiétez, ne vous tourmentez de rien de ce qui vous arrive : ni la pauvreté qui vous accable, ni la bassesse de la condition qui vous est faite sous la domination de maîtres cruels. Esclaves ! vous serez libres dans les cieux. Pauvres qui versez des larmes ! vous serez un jour dans la joie. Cherchez, cherchez le royaume de Dieu, car voici ce qui vous est proposé : celui qui veut cultiver le champ de la vie future, nous le lui agrandirons ; celui qui veut cultiver le champ de ce monde, il l’obtiendra également, mais il n’aura aucune part dans l’autre[3]. »

Il se comprend que Jésus et Mahomet aient ainsi fait de la croyance à la vie future la pierre angulaire, l’un de son Église,

  1. Mathieu, chap. V ; Luc, chapitres VI et XII ; Coran, chap. XLIII.
  2. Luc, chap. VI, v. 21.
  3. Coran, chap. VI, v. 32.