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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/235

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leurs vêtements y seront de soie. A ceux qui n’ont point cru, le feu de la Guéhenne ! L’arrêt qui les fasse mourir et termine leurs tourments ne sera point rendu, ni le supplice de l’enfer adouci[1]. »

Mahomet tenait à être conséquent. Ce n’est pas la première fois que nous le voyons, sans hésiter, sacrifier les idées les plus consolantes et les plus morales au désir de se mettre d’accord avec un principe une fois posé et adopté par lui. C’est une qualité qu’il faut lui reconnaître, que celle de ne pas employer les demi-moyens et de ne pas marchander les conséquences. Sa doctrine a cela de commun avec la doctrine juive, qu’elle développe jusqu’à leur dernier fil les suites enfermées dans une idée. Elle fait seulement dans le mauvais sens ce que l’autre fait dans le bon. Bien différente en cela de la doctrine chrétienne qui, parce qu’elle a voulu complaire à la fois au dualisme et à l’unitarisme, au matérialisme et au spiritualisme, s’est trouvée dans la nécessité de se donner de moitié à chaque système, et de réaliser ainsi le genre hybride en matière de foi. La religion juive, essentiellement spiritualiste, écarte de la vie future les peines et les félicités corporelles ; la religion mahométane qui fait tourner les criminels autour des flammes de l’enfer, tient d’un autre côté à faire reposer les justes dans le Paradis « sur des coussins verts et sur des tapis, dont rien que la doublure est déjà de brocart ; elle leur promet des vierges aux grands yeux noirs et au regard modeste ; elle leur fait présenter à la ronde des écuelles d’or, et des gobelets remplis de choses que les sens désirent[2] » ; quant à la religion chrétienne, nous venons de voir de quelle façon elle a su conserver l’enfer avec des supplices dont le corps seul peut être

  1. Coran, chap. XXXIV.
  2. Coran, chap. XLIII. LV et XXXVII.