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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/262

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on le voit, se pose aisément, et la solution en est aussi facile à donner.

La même chose a-t-elle lieu pour le Christianisme ? Ici le milieu est tout différent. Jésus a prêché à Jérusalem. C’est à un peuple déjà formé, déjà en voie de se civiliser, qu’il adresse ses discours. Il n’a pas à fonder une morale. Tout au plus a-t-il à réformer quelques abus qui s’étaient glissés dans celle qui existait. Encore n’avait-on pas attendu qu’il vînt pour stygmatiser ces abus. Est-ce qu’il ne s’était pas trouvé devancé dans cette tâche ? Est-ce que tous les prophètes n’avaient pas déjà promené d’un bout de la Palestine à l’autre les accents sévères d’une colère et d’une indignation provoquées par les iniquités de la maison de Juda et d’Ephraïm ? La morale la plus pure n’avait-elle pas découlé des lèvres de ces hommes inspirés qui, au spectacle des iniquités qui se commettaient soit à Samarie, soit à Jérusalem, trouvaient en eux le hardi courage d’affronter le courroux des rois et la haine des prêtres, quand il s’agissait de reprocher aux uns leurs violences et aux autres leurs prévarications ? Le peuple ne fut pas plus épargné par eux que ses pasteurs, ses conducteurs spirituels[1], et si Jésus a foudroyé de sa parole justement sévère certains Scribes et Pharisiens hypocrites[2], les docteurs juifs n’ont jamais manqué d’imprimer au front de ces mêmes hypocrites, dont ils énumèrent jusqu’à sept classes diverses, les dures épithètes de Zebouim, « gens enduits d’un faux vernis de piété, qui commettent l’infamie de Zimri et réclament la récompense due à Phinée[3] ».

En fait d’élévation dans les idées morales, en fait de zèle à deviner soi-même et à rendre saints comme Dieu par un complet

  1. Voir Jérémie, chap. XXIII et Ezéchiel, chap. XXXIV.
  2. Mathieu, chap. XXIII, et Luc, chap. XI.
  3. Talmud, traité Sotah, p. 22.