Aller au contenu

Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’argent. Ce n’est pas tout. Le jour où l’homme meurt, son or et son argent ne l’accompagnent pas, mais ce qui le rend immortel, c’est sa science religieuse, ce sont ses bonnes actions, ainsi qu’il est écrit : « Quand tu marches, la loi divine te guide ; quand tu dors, elle veille sur toi ; lorsque tu te réveilles, elle est là pour te défendre. Quand tu marches, c’est-à-dire dans cette vie ; quand tu dors, dans la tombe ; quand tu te réveilles, dans la vie future. Et il est encore écrit : « A moi l’or et l’argent, dit l’Éternel Zébaoth[1] ». Tout appartient à Dieu, parce que tout provient de lui ; tout donc, s’il le demande, doit lui être sacrifié.

On le voit, le Judaïsme a parfaitement saisi l’obligation où nous sommes d’aimer Dieu. Il ne s’est pas trompé un instant sur la nature de cet amour qui, avant tout, doit être désintéressé et se manifester au prix de n’importe quel sacrifice : richesse, penchants, plaisirs et jusqu’à notre vie. Mais ce qu’il faut ajouter, c’est que tout en prêchant dans les termes chaleureux que nous venons de faire connaître, la nécessité d’aimer Dieu par-dessus toutes choses, il a néanmoins su se garder du mysticisme, de cet amour de Dieu exalté qui égare la raison et devient une plaie véritable pour la société, au sein de laquelle il se propage avec ses exagérations et ses extravagances. Nous ne voudrions pas trop nous étendre en disant au juste ce qu’est le mysticisme, afin d’éloigner de lui, par un portrait fidèle que nous tracerions, des excès où il conduit. Encore moins voudrions-nous essayer de montrer comment il prend naissance soit en philosophie, soit en religion, par la prétention que l’on affiche de pouvoir arriver à connaître Dieu, non plus seulement dans ses manifestations dont l’Univers est rempli, mais jusque dans

  1. Pirke Aboth, chap. VI.