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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/284

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daigné vous nommer son peuple et vous a gratifiés d’une sainte Loi[1]. »

Voulons-nous par là insinuer que le Christianisme et le Mahométisme n’ont point cherché à pénétrer leurs fidèles respectifs d’un semblable amour ? A Dieu ne plaise que nous méconnaissions à ce point les témoignages de l’histoire ! Nous n’oublions pas qu’ils ont tous deux leur martyrologe. Et qu’est-ce qu’un martyr ? sinon un homme qui verse son sang pour l’amour de Dieu qu’il adore et pour l’édification de l’humanité qu’il aime et qu’il veut encourager dans son attachement à ce qui lui paraît à lui être la vérité. Mais ce que nous tenons à montrer, c’est que, si les deux nouvelles doctrines n’ont point donné en plein dans le mysticisme, ils en sont plutôt redevables à l’esprit pratique qui leur fut inculqué par leur commune mère, qu’à leurs propres enseignements dogmatiques. Nous nous trompons cependant un peu dans notre affirmation, ce se que, si elle est complètement exacte pour ce qui regarde le Christianisme, elle l’est moins par rapport à la religion musulmane. Non pas que celle-ci soit arrivée à avoir sur l’amour de Dieu absolument les mêmes idées que la doctrine juive. Elle a péché par un autre point. Elle a détourné cet amour de son véritable objet en plaçant comme on sait, entre Dieu et l’homme, l’image parfaitement sacrée à ses yeux des jouissances sensuelles. Essayons de justifier notre double assertion.

Il n’est pas besoin d’un long examen pour se convaincre que l’amour de Dieu, en passant de la Bible dans les Évangiles et le Coran, a subi le sort de ces plantes que l’on voit se multiplier surabondamment quand on les transporte dans une serre trop chaude, et ne plus se multiplier assez dans une serre trop

  1. Talmud, traité Jomah, page 86.