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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/29

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Dieu et les empêcher de confondre avec lui cette noble partie de nous-mêmes qui lui ressemble en quelque sorte et qui toutefois n’est ni incréée, ni éternelle, ni incorruptible comme lui. C’est précisément pour n’avoir pas su distinguer l’âme d’avec son Créateur que les uns allèrent jusqu’à sacrifier aux mânes des morts, et que les autres crurent à une éternelle transmigration des âmes humaines, les faisant rouler des cieux à la terre et de la terre aux cieux, des animaux dans les hommes et des hommes dans les animaux, de la félicité à la misère et de la misère à la félicité, sans que ces révolutions eussent jamais ni de termes ni d’ordre certain.

» C’est pourquoi, dit Bossuet en terminant, la loi de Moïse ne donnait à l’homme qu’une première notion de la nature de l’âme et de sa félicité. Mais les suites de cette doctrine et les merveilles de la vie future, ne furent pas alors universellement développées, et c’est au jour du Messie que cette grande lumière devait paraître à découvert. »

A ce premier caractère de la révélation nouvelle s’en vient joindre, selon Bossuet, un second non moins remarquable et qui ressort du degré de grandeur, d’abnégation, de renoncement et d’étendue que revêt la charité dans la doctrine chrétienne :

« Avant la proclamation de cette doctrine, la perfection et les effets de la charité n’étaient pas entièrement connus ; c’est elle qui apprend à se contenter de Dieu seul, à étendre notre amour sur tous les hommes sans en excepter les persécuteurs ; à se soumettre aux ordres de Dieu jusqu’à se réjouir des souffrances qu’il nous envoie et à devenir humbles jusqu’à aimer les opprobres pour la gloire de Dieu, et à croire que nulle injure ne peut nous mettre aussi bas, que nous ne soyons encore plus bas devant Dieu par nos péchés. »

Ainsi, immortalité de l’âme et félicité future, charité et amour