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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/297

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erreur fort compromettante pour la jalouse croyance à l’Unité du Créateur ? Nous ne voudrions pas insister trop sur ce point délicat, parce que nous savons combien l’Église a toujours eu soin d’écarter de l’esprit de ses fidèles jusqu’à l’ombre d’une pensée qui eût pu faire songer à une adoration rendue à un autre qu’à Dieu. Tous les saints qu’elle vénère, ne les présente-t-elle pas comme autant d’intercesseurs auprès de Dieu en faveur de l’homme, et leur a-t-elle jamais donné un piédestal qui pût les élever au rang de divinités ? Elle n’a jamais songé à accorder l’apothéose à Marie, et Jésus n’est adoré par elle que parce qu’elle le considère comme consubstantiel avec Dieu et ne formant qu’un seul et même être avec lui. Mais ces distinctions qu’en théorie elle n’a jamais cessé de faire, furent-elles toujours comprises et admises par le commun des croyants ? Combien, au contraire, de ces derniers qui s’agenouillent devant la statue d’un saint et l’adorent avec effusion de sentiment qui leur fait oublier que ce n’est pas à lui, mais à Dieu, que leurs prières devraient s’adresser. Les iconoclastes, s’ils ont témoigné d’une fureur coupable parce qu’elle fut violente et intolérante, peuvent du moins être cités comme preuve des erreurs qui, à cette époque de l’histoire, s’étaient déjà glissées dans la chrétienté à la faveur du culte des images. Aucun acte de persécution religieuse ne peut se légitimer et c’en était un des plus repréhensibles d’avoir cherché à détruire par la violence ce qui possédait aux yeux de quelques croyants, bien qu’égarés, un caractère sacré. La liberté de la conscience veut qu’on laisse à chacun la faculté de prier à sa façon et d’adorer Dieu selon la manière qui peut le mieux lui convenir. Mais nous ne croyons nullement porter atteinte à cette liberté, en disant ici franchement que le culte des images est repréhensible et souverainement condamnable ; qu’il est, dans le Christianisme, un triste reste de l’idolâtrie,