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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/306

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les fêtes juives ! Elles n’ont rien de mystérieux. Ce sont, nous l’avons dit, tantôt les fêtes de la nature, tantôt les fêtes de la liberté soit morale, soit matérielle, et qui, pour cela aussi, deviendront un jour les fêtes de l’humanité. Célébrer Dieu et ses bienfaits, voilà à quoi elles invitent. Raviver le sentiment de la dignité humaine et faire sérieusement réfléchir au devoir, c’est là leur but.

Autant en pouvons-nous dire d’une autre pratique religieuse, la prière, telle que le Judaïsme la comprend. Et d’abord, il la place par son importance au-dessus de la charité, des sacrifices et de l’encens[1]. Mais cette importance, hâtons-nous de le dire, n’est que celle tout ordinaire et générale que possède le principe, sur la conséquence. La prière effectivement en élevant notre pensée vers Dieu, nous la fait reporter ensuite avec plus de sollicitude, de sympathie et de compassion sur le pauvre implorant notre secours. Quel est celui qui, encore sous l’émotion d’une fervente prière, osera refuser l’aumône qu’on sollicite de lui. Ne vient-il pas un moment auparavant, d’abjurer devant Dieu son orgueil, de déposer ses vanités, de se convaincre de ses faiblesses et de la fragilité de son existence, de se persuader enfin qu’aux yeux de Dieu, riches et pauvres se valent ? La prière est donc bien une des sources de la charité et, à ce titre, elle la prime. Elle est, d’un autre côté, disent les docteurs israélites, supérieure aux sacrifices et à l’encens. Il faut entendre ici l’encens et les sacrifices offerts avec indifférence. Tout le monde connaît la véhémente apostrophe adressée par Isaïe à ceux qui se présentaient au Temple de Jérusalem, l’âme souillée de vices pour prendre part à la célébration du culte divin. « Qui vous demande, s’écrie le

  1. Talmud, traité Berachoth, p. 22.