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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/34

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nature, peut-on venir ensuite enlever au livre qui a, le premier, recueilli cette vérité, la gloire de l’avoir apprise au monde, pour en honorer une doctrine religieuse qui ne s’est formée que douze siècles plus tard ?

Mais voudrait-on dire seulement que le Christianisme est parvenu à faire l’application de cette vérité historique parmi les nations modernes qui, les unes après les autres, sont appelées à rompre le maudit cercle d’exclusion dont elles ont entouré si injustement ceux qui se trouvaient dans des conditions religieuses, sociales et locales autres que les leurs ? Dans ce cas et avec cette restriction, nous applaudissons de grand cœur à tout ce que le Christianisme a tenté et fait, pour répandre chez les peuples les plus cruels et les plus barbares, la croyance à l’unité de l’homme ; il comptait bien, et avec raison, que le triomphe de cette croyance ferait tomber les barrières qui divisaient depuis si longtemps la population générale de la terre et en formaient autant de groupes, de peuplades ennemies les unes des autres, et s’observant d’un œil ombrageux et jaloux.

Israël n’a rien à envier ; il peut même reconnaître et laisser à chacune des deux religions dominantes, au Christianisme comme au Mahométisme, son mérite spécial, car sa religion à lui fut leur mère commune ; elle les a nourries de son lait ; elles ont grandi sous ses yeux ; c’est elle qui leur a donné tous ces beaux principes au moyen desquels elles ont fait leur chemin sur la terre, et, en retour, elle ne leur demande qu’une chose qu’elles ne deviennent pas ingrates envers elle, qu’elles ne la renient pas et qu’elles n’aillent pas jusqu’à s’attribuer exclusivement la révélation des grandes et fortes vérités dont elle les a dotées, et qui lui avaient été léguées, à elle, par un Abraham, un Jacob,