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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/349

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prophétie du psalmiste : Heureux celui qui s’entretient par son travail journalier, le bonheur lui sourit sur cette terre et dans la vie future[1]. »

De si nobles exemples d’une part, et de l’autre de si belles recommandations, pouvaient-ils autrement que donner à Israël une magnifique idée du travail ainsi que de son importance au point de vue moral, sans même envisager ses avantages matériels ? Ajoutez que la doctrine juive a eu à cœur de descendre jusque dans les plus petits détails au sujet du travailleur, afin de témoigner hautement de l’intérêt qu’elle lui porte et du respect qu’il lui inspire. L’ouvrier, en effet, a toute son estime, nous oserions presque dire sa vénération. Elle le prise à l’égal de l’homme instruit, peut-être encore davantage, puisqu’elle lui défend de se déranger de son travail pour aller saluer un docteur de la Loi[2]. De même elle le dispense d’une partie des prières quotidiennes obligatoires pour tout autre israélite[3] ; elle donne ainsi raison, dans une certaine mesure, à cet adage : « Qui travaille prie. » Et en faisant tout cela, elle n’a été que le fidèle interprète d’une tradition constante dans la maison de Jacob, et dont le pieux Booz, qui vivait du temps des Juges, avait déjà donné un témoignage non douteux par les bénédictions qu’il ne manquait jamais d’offrir à ses moissonneurs lorsqu’il venait pour les surveiller[4]. De semblables sentiments sont-ils bien de nature à naître à la suite d’une idée de réprobation que l’on attacherait à la loi du travail ? Ne sont-ils pas plutôt l’expression d’une assurance intime que l’homme a reçu dans cette loi encore un de ces dons qu’il ne saurait jamais assez estimer, puisqu’il y trouve une source de jouissances à nulles autres pareilles, et que véritablement rien ne surpasse la satisfaction de pouvoir

  1. Maïmonide Histchath Talmud Thorah, chap. III, v. 10 et suivants.
  2. Talmud, traité Kidouschin, p. 33.
  3. Traité Berachoth, p. 16.
  4. Ruth, chap. II, v. 4.