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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/361

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ce que les économistes entreprennent aujourd’hui, avec un si louable zèle, d’apprendre à chaque citoyen qu’il a droit à la plus grande somme de bonheur possible dans ce monde et qu’il ne peut se la procurer qu’en se régénérant par le travail qui, dès lors, ne peut plus être considéré comme une malédiction, n’est-il pas vrai que le Mosaïsme a commencé à prêcher cela, il y a plus de trois mille ans ? Ah ! si,’depuis lors, le drapeau du Mosaïsme avait flotté ailleurs encore que sur la Palestine, bien d’autres peuples se seraient réveillés à cette vie de liberté qu’Israël a respirée à pleins poumons, et qui l’a fait se distinguer sur tous les champs de bataille où il s’agissait de vaincre pour conserver sa dignité morale, ou de succomber pour ne pas subir un honteux esclavage ! Et l’on n’aurait pas vu tant de nations incliner leurs épaules et se laisser si longtemps conduire en dociles troupeaux par des tyrans qui ne savaient pas respecter en elles le titre d’homme ! Surtout n’aurait-on pas vu ces siècles de féodalité pendant lesquels la moitié des hommes se trouvait asservie à l’autre moitié, non pas précisément en qualité d’esclaves, mais en qualité de travailleurs privés du sentiment de leur dignité.

Ç’a été, en effet, le fait du Christianisme, d’avoir donné naissance, douze cents ans après son apparition, à l’affligeante institution de la féodalité. Nous voulons bien que cette institution ait été un progrès sur l’antique esclavage et qu’elle en ait préparé la ruine. Mais pourquoi le Judaïsme n’a-t-il pas passé par cette phase ? Pourquoi, chez lui, le frère en religion n’a-t-il, en aucun temps, été considéré comme un serf attaché à la glèbe ? Pourquoi, les esclaves étrangers exceptés, et que l’on était bien obligé de posséder, a-t-on fait à tous les autres la condition de domestiques à gages ? Pourquoi enfin, de même que le Christianisme d’autrefois, le Mahométisme d’aujourd’hui tolère-t-il