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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/406

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à eux pour les soutenir et les guider, cette loi, ce bras et cette main qui sont la patrie elle-même, le trouveraient-ils indifférent le jour où un danger menacerait de les affaiblir, de les paralyser ou de les enchaîner ?

Dans un cœur qu’enflamme l’amour de la famille, rien n’est plus naturel que l’amour de la. patrie. La patrie est une véritable famille, un peu plus étendue, il est vrai, que celle qui a écouté nos premiers vagissements, voilà toute la différence ; mais non moins que la première, elle a pris soin de nous, et c’est même grâce à elle que notre enfance a pu recevoir ce qu’il était indispensable qu’elle reçut. L’instruction qui nous a été offerte, c’est la patrie qui nous l’a dispensée ; le sentiment de la liberté qu’on nous a inspiré, c’est à la patrie que nous en sommes redevables, et si nous avons le sentiment de notre dignité d’homme, c’est parce que nous avons été élevés dans un pays qui sait en même temps se respecter et se faire respecter.

Le beau nom de patrie n’appartient donc pas seulement à la terre qui nous a vu naître, mais encore à celle qui nous a pris sous sa protection, qui nous nourrit aujourd’hui de ses produits et nous couvre de l’égide de sa sage législation. La contrée qui a la garde des tombeaux de nos ancêtres nous est chère ; celle qui nous ouvre un asile hospitalier ne nous l’est pas moins ; celle enfin qui nous aide à vivre en hommes, nous l’est au même titre. Partout où il y a quelque chose de nous : cendres de nos pères ou de nos enfants, garanties de nos franchises et de nos libertés, source de notre bien-être moral et intellectuel, là est notre patrie. L’homme doit savoir se naturaliser dans tous les endroits du globe où on lui octroie ce qui lui est nécessaire pour le déploiement des facultés de son âme. Le cosmopolitisme est une vraie vertu, car ce mot ne signifie pas être indifférent