venu de là. Ce sont quelquefois d’autres expressions, d’autres figures, mais le fond est le même. C’est le fond juif par excellence. Jugeons-en par un bref tableau comparatif.
Jésus dit : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux[1]. » Et ailleurs : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur[2]. » L’humble de cœur, les pauvres en esprit, ne sont-ce pas ces hommes dont Isaïe, bien avant Jésus, avait parlé en ces termes au nom de Dieu : « Celui que je regarde sur la terre, c’est l’humble en esprit[3] », dont Sophonias aussi avait parlé en s’écriant : « Que tous les humbles se mettent à rechercher l’Éternel qui les exaucera[4] » ; dont le prophète Amos avait enfin exalté le mérite quand il a dit au roi Amaziah : « Moi non plus je ne suis pas fils de prophète, mais un simple berger, émondeur de sycomores[5] ! » Les pauvres en esprit, ne sont-ce pas ceux que les docteurs juifs célèbrent quand ils s’expriment sur eux de la manière suivante par la bouche de Rabbi Josué ben Lévy « Viens et considère combien sont grands devant Dieu les pauvres en esprit ! Ils ont autant de mérite que s’ils offraient à Dieu toutes espèces d’holocaustes. Jamais leurs prières ne sont rejetées[6]. »
Quand Jésus ajoute : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre[7] », qu’a-t-il fait autre chose que reproduire littéralement la parole du Psalmiste[8] ?
« Plusieurs qui étaient les premiers seront les derniers, et ceux qui étaient les derniers seront les premiers[9]. » C’est Marc qui met cet apophtegme dans la bouche de Jésus. Le Judaïsme le possède dans les mêmes termes et présente sous la