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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/436

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enfant, fruit de son sein ; toujours elle lui a conservé son cœur de mère, tout en gémissant parfois profondément de ses écarts ; elle sait qu’il est parti un apôtre au-devant d’elle pour tâcher de lui gagner le genre humain, ou plutôt de le gagner à la cause même de l’Humanité. Depuis, elle le suit du regard, protestant contre ses égarements quand il en a, s’affligeant de ses infidélités lorsqu’il lui en donne le douloureux spectacle, et se félicitant avec lui de tous les nobles triomphes qui lui arrivent, à condition toutefois qu’il sache en rapporter le principe et l’origine à leur source maternelle.

C’est sous cette condition encore que nous sommes prêts aujourd’hui à reconnaître que le Christianisme a fait énormément pour l’expansion de l’esprit de charité dans le monde. Pourvu qu’on ne ravisse pas à la législation mosaïque l’honneur d’avoir, la première, songé à prescrire le devoir, la charité en opposition avec l’égoïsme païen, et qu’on laisse à la Synagogue le mérite d’en avoir favorisé le développement le plus large, cela nous suffit. La vérité avant tout. Or, c’est la vraie vérité que le Judaïsme a, le premier d’entre tous les systèmes religieux, parlé de charité, et c’est encore la vraie vérité qu’il a cherché à en appliquer les fécondes inspirations, alors que, dans l’univers entier, on ne savait pas ce qu’était l’amour du prochain.

§ III
DEVOIRS ENVERS L’HUMANITÉ

Cet amour du prochain dont nous venons de voir le Judaïsme si prodigue envers tout ce qui vit et séjourne dans une même patrie, étranger ou indigène, dissident ou croyant, riche ou pauvre, faible ou puissant, comment la doctrine israélite va-t--