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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/455

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environs par la destruction de tous les arbres. Ne touche surtout pas aux arbres fruitiers, car ce sont les hommes qui soutiennent le siège contre toi et non les arbres ; tu ne pourras donc abattre d’entre ces derniers que ceux qui ne portent point de fruits et desquels tu auras besoin pour t’en servir comme matériel de siège, à l’effet de prendre la ville qui s’est mise en guerre avec toi[1]. »

Point de dévastation inutile d’une part, point d’acharnement cruel de l’autre ; désir de vivre en paix en demandant la réciprocité de l’indépendance nationale ; maintien de la foi jurée en ne trahissant pas la confiance d’une ville qui ouvre ses portes, voilà ce que veut le Pentateuque.

Il a toujours mieux aimé voir Israël se reposer à l’ombre du figuier et s’occuper d’avancer dans la vie morale et religieuse, que de le voir s’élancer dans d’injustes guerres de conquête, pour ajouter à l’étendue du territoire de la Palestine. Et si jamais peuple a été fidèle à cet esprit pacifique répandu dans le Pentateuque, c’est bien le peuple hébreu qui a laissé à d’autres la funeste gloire de porter, sans motif légitime, la dévastation dans les riches contrées de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique, tandis que lui s’est contenté de fonder le royaume de Dieu sur la terre de la Palestine, tout en sachant, à l’occasion, opposer d’héroïques soldats aux invincibles légions de Rome, aux phalanges vaillantes de la Grèce et aux innombrables armées de la Perse et de l’Assyrie.

Oui, il faut laisser à la nation hébraïque l’honneur d’avoir admirablement compris quels étaient, vis-à-vis de l’Humanité, les devoirs des peuples comme des individus. Par la répugnance extrême qu’elle a toujours témoignée pour les guerres de

  1. Ex., ib., chap. XIX et XX.