Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/60

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la justice, car ils seront rassasiés[1]. » Et Paul, l’apôtre des Gentils, s’écrie à son tour : « Que disons-nous ? Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? Nullement. Au contraire, c’est dans cet Évangile que la justice de Dieu est révélée de foi en foi, selon qu’il est écrit le juste vivra par sa foi[2]. » Entre cette justice et cette bonté de Dieu, dont les effets, s’ils n’étaient tempérés par un pouvoir modérateur, iraient si facilement à l’encontre les uns des autres, se place, selon la doctrine chrétienne, la miséricorde, la patience divine. Dieu attend longtemps le pêcheur, il espère toujours le voir revenir à lui, et ce n’est que lorsque la mesure de ses péchés est comble, qu’il le punit. « Et qu’y a-t-il à dire, s’écrie encore Paul, si Dieu voulant montrer sa puissance, a retenu, avec une grande patience, les vaisseaux de sa colère disposée à la perdition[3] ? Dieu est miséricordieux ; son soleil se lève sur la tête des bons comme sur celle des méchants, et il fait pleuvoir sur les injustes comme sur les justes[4]. »

Il ne restait plus, pour compléter ces beaux et consolants enseignements, qu’à proclamer la sainteté de Dieu. Sur ce point encore le Christianisme est explicite. Rien, selon lui, ne peut arrêter l’expansion de l’amour de Dieu, soit que cet amour veuille se répandre en actes de bonté, soit que, par la loi de justice inhérente à sa nature, il se traduise au dehors en actes de punition, en châtiments : « Dieu est saint et parfait ». enseigne-t-il en cent endroits divers. « Lui seul est reconnu véritable. Ni les erreurs ni les mensonges n’entachent sa divine essence. Toujours et inévitablement, il rendra à chacun selon ses œuvres[5]. »

  1. Mathieu, chap. V, v. 6.
  2. Épitre aux Romains, chap. XI, v. 1 et chap. I, v. 17.
  3. Épitre aux Romains, chap. XI, v. 22.
  4. Luc, chap. XI. v. 35 et 36 : Mat., chap. V. v. 45.
  5. Épître aux Romains, chap. II et III.