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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/69

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il pas déjà dit : « l’Éternel est bon et juste, il enseigne même aux méchants la véritable voie[1] ? » Enfin, lorsque le chantre des Psaumes s’écrie sur ce lyrique ton d’enthousiasme : « Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, sa miséricorde s’étend sur toutes ses créatures[2] », n’a-t-il pas tracé le chemin à Jésus conviant à la glorification du Dieu de bonté et surtout à l’imitation de son exemple tous les habitants du globe ?

Mais qu’il ne nous suffise pas d’avoir établi, comme nous croyons avoir réussi à le faire, que la Bible a été copiée dans presque toutes ses expressions sur la bonté et la justice divines par les fondateurs des deux nouvelles religions. Voyons aussi la façon dont le Judaïsme a lui-même compris l’exercice de cette justice et de cette bonté. Et tout d’abord, il n’a pas manqué d’apercevoir et de signaler le caractère primordial et élevé de la justice divine, en tant qu’elle a concouru à la formation du monde par l’application des lois de l’harmonie universelle ; il a compris qu’avant de devenir ou avant d’être la justice vengeresse du crime et rémunératrice de la vertu, elle a été la justice régulatrice. Assigner à chaque chose sa place dans l’ensemble, lui imprimer le mouvement qui lui convient le mieux, lui donner sa fin, sa destinée propre, voilà quelles furent ses toutes premières attributions. « Qui est celui, dit Isaïe, qui a mesuré les eaux avec le creux de sa main, arrangé les cieux comme avec un compas ? Qui a mesuré la poussière de la terre, pesé les montagnes et les coteaux ? Avec qui l’Éternel s’est-il consulté, qui l’a instruit et lui a enseigné les voies de la Justice[3] ? » Et de même que la justice divine a réglé les rapports des choses dans l’ordre physique, elle les a aussi réglées dans l’ordre moral ; dans l’un comme dans l’autre, elle a tout établi

  1. Psaumes, chap. XXV, v. 8.
  2. Psaumes, chap. CVII et chap. CXLV, v. 9.
  3. Isaie, chap. XL, v. 12 et 13.