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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/73

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la manière dont il faut prier. Qu’Israël se présente ainsi devant moi enveloppé de son manteau de prières, qu’il s’humilie chaque fois qu’il aura péché et je lui pardonnerai. » Avant que l’homme ne s’écartât de la bonne voie, j’étais déjà un Dieu miséricordieux, et je le demeure après qu’il aura péché. Rabbi Jehouda ajoute : Dieu a fait son alliance avec son attribut de miséricorde, pour que le pécheur obtienne toujours son pardon au prix d’un sincère repentir[1]. »

Peut-on concevoir une plus haute idée de la miséricorde divine, que celle enfermée dans ce court commentaire ? Ce Dieu s’abaissant jusqu’à montrer à son prophète la manière dont on devra s’y prendre pour arriver à la fléchir, ce Dieu se déclarant plein de clémence avant comme après le péché, n’est-il pas l’Être souverainement bon, celui qui est aussi élevé en bonté qu’il l’est en sagesse et en puissance ?

Mais là où le Judaïsme a surtout servi de modèle aux deux croyances issues de lui, c’est dans ce qu’il enseigne de l’efficacité du repentir comme conséquence finale de la bonté du souverain Créateur, adoucissant, arrêtant parfois les effets de sa justice. La touchante histoire racontée au livre de Jonas montrait déjà dans la Bible Dieu se préoccupant de sauver, par un effet de sa bonté, toute une ville coupable. Cette mission qu’il avait donnée à son prophète d’aller prêcher la pénitence aux habitants de Ninive, enseignait amplement qu’il n’aimait rien autant que de laisser enchaîner sa propre justice au moyen du repentir. Tout ce que Jésus et Mahomet ont pu prêcher sur la bonté de Dieu mitigeant sa justice, est évidemment inspiré par ce fécond et émouvant récit. Les docteurs du Talmud sont encore allés au-delà. Pour eux, rien ne résiste à la pénitence.

  1. Talmud, traités Rosch Haschanah, p. 17, et Sebachim, p. 102.