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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/75

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ment ou le résumé d’enseignements que, de tout temps, les maitres en Israël avaient transmis à leurs disciples, les parents à leurs enfants, de sorte que le docteur de Nazareth ne faisait que reproduire ce qui était de tradition fort ancienne dans la Synagogue.

Mahomet venant six cents ans après Jésus, et puisant aux mêmes sources que lui, aurait-il été par hasard plus original ? Il n’avait pour cela ni une plus grande dose de génie ni une intelligence plus élevée. D’ailleurs, peut-on si aisément se soustraire à l’influence des idées dont on s’est nourri ? Ce qu’une génération lègue à une autre génération, ce qu’un siècle en progrès transmet de lumière au siècle suivant, est-il si facile d’y fermer les yeux, de le répudier, de le jeter loin derrière soi, comme on fait d’une chose purement matérielle ? Les conquêtes de l’esprit sont plus vivaces, plus pénétrantes, plus tenaces qu’on ne le croit, et Mahomet n’a pas plus pu s’empêcher d’écrire son code moral et religieux sous l’inspiration biblique, étant donné que la Bible et les traditions juives lui ont été enseignées par un rabbin et des Israélites de l’Arabie, qu’il ne serait possible de nos jours à un écrivain tant soit peu libéral de se défendre de l’influence des principes modernes. On subit malgré soi l’empire des grandes vérités. Une fois écloses et répandues, elles subjuguent les esprits qui s’inclinent devant elles et leur rendent, quelquefois sans se l’avouer à eux-mêmes, un tacite hommage.