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Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/17

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— Il fallait tuer un poulet, un canard…

— Ma foi ! J’étais si souffrante que je n’y ai même pas songé.

— Mais, comme ça, ils passeront donc la nuit le ventre vide ?

— Dame !…

— Il n’en sera rien, ma fi… Il n’en sera rien !

— Que prétends-tu faire ?

— Tu vas le voir.

Et aussitôt Ambroise, achevant d’ouvrir la porte de l’escalier, se mit à crier de façon à ébranler toute la batterie de cuisine.

— Messieurs !… Eh ! Messieurs de là-haut !…

À ce cri un nouveau bruit se produisit à l’étage et une voix qui semblait partir du haut des degrés, répondit :

— Est-ce nous qu’on appelle ?

— Mais oui, morbleu !… vous-mêmes… répliqua Ambroise.

— Et qu’y a-t-il pour votre service ?

— Donnez-vous d’abord la peine de descendre ; on s’expliquera ensuite.

— Une minute de patience alors et nous y sommes.

— Je vous attends donc, — dit Ambroise, en s’adressant à la voix qui lui avait répondu.

Se retournant ensuite vers sa femme dont la contrariété était évidente, il ajouta en se frottant les mains :

— Qu’on dise après cela : Ventre affamé n’a point d’oreilles.


III. — Où l’on présente aux lecteurs deux jeunes gens dont le voyage à Marseille n’était qu’un prétexte et qui furent singulièrement favorisés par l’orage.


Ambroise riait encore du mot qu’il venait de faire, quand la porte de l’escalier se rouvrit, poussée cette fois de l’intérieur, et deux jeunes hommes apparurent.