Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/156

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naturel de la terre. Il s’établit un prix additionnel sur le bois des forêts, sur l’herbe des champs et sur tous les fruits naturels de la terre, qui, lorsqu’elle était possédée en commun, ne coûtaient à l’ouvrier que la peine de les cueillir, et lui coûtent maintenant davantage. Il faut qu’il paye pour avoir la permission de les recueillir, et il faut qu’il cède au propriétaire du sol une portion de ce qu’il recueille ou de ce qu’il produit par son travail. Cette portion ou, ce qui revient au même, le prix de cette portion constitue le fermage (rent of land) et, dans le prix de la plupart des marchandises, elle forme une troisième partie constituante.

Il faut observer que la valeur réelle de toutes les différentes parties constituantes du prix se mesure par la quantité de travail que chacune d’elles peut acheter ou commander. Le travail mesure la valeur, non-seulement de cette partie du prix qui se résout en travail, mais encore de celle qui se résout en fermage, et de celle qui se résout en profit[1].

Dans toute société, le prix de chaque marchandise se résout définitivement en quelqu’une de ces trois parties ou en toutes trois, et dans les sociétés civilisées, ces parties entrent toutes trois, plus ou moins, dans le prix de la plupart des marchandises, comme parties constituantes de ce prix.

Dans le prix du blé, par exemple, une partie paye la rente du propriétaire, une autre paye les salaires ou l’entretien des ouvriers, ainsi que des bêtes de labour et de charroi employées à produire le blé, et la troisième paye le profit du fermier.

Ces trois parties semblent constituer immédiatement ou en définitive la

    un peu différente de celle qu’il a communément en français. Il désigne ici le fermage ou le revenu net appartenant au propriétaire foncier, en sa qualité de propriétaire.

  1. Ici je ne peux être de l’avis de Smith, ou plutôt je ne sais quel est l’avis de Smith. Quel travail mesure le profit de la terre et celui du capital qui ont concouru à la création d’un produit ? ce profit est tout à fait indépendant du travail de l’homme et montre que le service rendu par la terre et par le capital, est autre chose que celui rendu par le travail. Même un capital, qui est une accumulation de valeurs dues en partie au travail de l’homme, rend un service où le travail de l’homme n’a plus de part. Le capital représente en partie un travail humain, et partie de sa valeur en provient ; mais la valeur du service qu’il rend ne représente plus de travail humain. Il n’en entre pas dans le service que rend le capital. Note inédite de J.-B. Say.