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l’ale, lorsque les prix du blé et de l’orge étaient au taux le plus bas, et qu’ils ont procédé successivement à déterminer ce que ces prix devaient être, suivant que les prix de ces deux sortes de grains viendraient successivement à s’élever au-dessus de ce taux le plus bas. Mais les copistes qui ont transcrit ces statuts ont pensé souvent qu’il suffisait de copier seulement les articles de la taxe, qui étaient les trois ou quatre premiers des bas prix, s’épargnant par là une partie de leur peine, et jugeant, à ce que je présume, que c’en était assez pour montrer quelle proportion il fallait observer à l’égard des prix élevés.

Ainsi, dans la taxe du pain et de l’ale de la cinquante et unième année de Henri III, le prix du pain fut taxé, selon les différents prix de blé, depuis 1 schelling jusqu’à 20 le quarter, monnaie de ce temps-là ; mais, dans les manuscrits sur lesquels ont été imprimées toutes les différentes éditions des statuts, avant celle de M. Ruffhead[1], les copistes n’ont jamais transcrit les articles de la taxe au delà du prix de 12 schellings. Aussi plusieurs écrivains, induits en erreur par cette transcription inexacte, en ont-ils tiré la conclusion fort naturelle que le prix moyen ou ordinaire du blé, dans ce temps-là, était la moyenne de ceux énoncés au statut, c’est-à-dire 6 schellings le quarter, qui en font environ 18 de notre monnaie actuelle.

Dans le statut du tombereau[2] et du pilori, porté à peu près à la même époque, le prix de l’ale est taxé en proportion de l’élévation du prix de l’orge de 6 deniers en 6 deniers, depuis 2 jusques à 4 schellings le quarter. Cependant ces 4 schellings n’étaient pas regardés comme le plus haut prix que l’orge pût atteindre dans ce temps ; et ce qui peut bien nous porter à croire que ces prix n’étaient donnés que comme un exemple de la proportion à observer pour tous les autres prix, soit plus élevés, soit plus bas, ce sont ces derniers mots du statut : Et sic deinceps crescetur vel diminuetur per sex denarios. L’expression est fort peu élégante, mais la signification est assez claire : « Qu’il faut ainsi élever ou

  1. Édition donnée en 1762, en 11 volumes in-4o, et augmentée de 8 autres volumes en 1796.
  2. Tumbrel ou Dungeart, cathedra stercoris, instrument de correction pour châtier les brasseurs qui contrevenaient au statut de l’assiette de l’ale, comme le pilori pour les boulangers qui vendaient au-dessus du prix de la taxe. Voyez Blackstone, liv. IV, chap. xii.