Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que tard à ce prix qui fait trouver du profit à cultiver la terre exprès pour le nourrir, cependant, de tous les différents articles qui composent cette seconde classe de produit brut, c’est peut-être le premier qui atteigne ce prix, parce que jusqu’à ce qu’il l’ait atteint, il paraît impossible que l’amélioration approche jamais même de ce degré de perfection auquel elle est portée dans plusieurs parties de l’Europe.

Dans cette classe de produit brut, si le bétail est une des premières parties qui atteigne ce prix, le gibier est peut-être une des premières. Quelque exorbitant que puisse paraître le prix de la venaison en Angleterre, il s’en faut encore qu’il puisse compenser la défense d’un parc de bêtes fauves, comme le savent très-bien tous ceux qui se sont occupés de la conservation de ce genre de gibier. S’il en était autrement, ce serait bientôt un objet de fermage ordinaire que d’élever des bêtes fauves, comme c’en était un, chez les anciens Romains, d’élever de ces petits oiseaux qu’ils nommaient turdi. Varron et Columelle nous assurent que c’était une industrie très-lucrative. On dit que c’en est une en certains endroits de la France que d’engraisser des ortolans, sortes d’oiseaux de passage, qui arrivent maigres dans le pays. Si la chair de daim continue à être en vogue, et que la richesse et le luxe augmentent encore en Angleterre, comme ils ont fait depuis quelque temps, le prix de cette sorte de viande pourra vraisemblablement monter encore plus haut qu’il n’est à présent[1].

Entre cette période des progrès de l’amélioration qui porte à son plus haut point le prix d’un article aussi nécessaire que le bétail, et celle qui y porte le prix d’un article aussi superflu que la venaison, il y a un intervalle immense dans le cours duquel plusieurs autres espèces de produit brut arrivent par degrés au plus haut point de leur prix, les unes plus tôt, les autres plus tard, selon les différentes circonstances.

Ainsi, dans toutes les fermes, les rebuts de la grange et de l’étable peuvent entretenir un certain nombre de volailles. Comme celles-ci sont nourries de ce qui serait perdu autrement, on les a seulement pour faire profit de tout ; et comme elles ne coûtent presque rien au fermier,

  1. Le daim est un mets extrêmement recherché en Angleterre, et qu’on se procure à grands frais pour les dîners d’apparat ; mais il est probable que le prix n’en sera jamais assez élevé, ni l’usage assez général pour que ce genre de venaison devienne un objet de spéculation agricole