Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/418

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saires trouvèrent chez les laboureurs du blé de 1693 « que ceux-ci avaient laissé gâter, plutôt que de le vendre à 50 livres, prix alors courant dans la province, dans l’espérance que la denrée s’élèverait encore au-dessus de ce prix exorbitant. » Or, il ne faut pas perdre de vue que, dans le temps où Lamarre écrivait ceci, le marc d’argent étant à 50 livres, une somme nominale de 50 livres contenait un marc et deux tiers, et, par conséquent, répondait à 90 francs de notre monnaie actuelle. Ainsi, la table suivante, dans laquelle le prix moyen du blé, pour l’année 1694, a été formé sur quatre prix de la même année recueillis par Dupré de Saint-Maur, et indiqué à 60 francs 99 centimes, est encore plutôt au-dessous qu’au-dessus du véritable prix de l’année, quoique de plus de moitié supérieur à celui de la table de Messance.

Une table fidèle du prix des blés en France était une pièce nécessaire dans un ouvrage tel que celui-ci. Aucuns soins n’ont été négligés pour que celle qui suit fût aussi étendue et aussi exacte qu’il était possible de le désirer. Les années de cherté excessive en ont été retranchées, lorsque cet accident a été évidemment causé par des circonstances tout à fait indépendantes du cours naturel des valeurs : elle a été continuée jusqu’à l’année 1788 inclusivement. La fameuse cherté de 1789, qui ne fut pas uniquement produite par une rareté réelle de la denrée, les désordres que les assignats de 1790 ont jetés ensuite dans le rapport nominal des valeurs, et les variations brusques et multipliées que le prix des subsistances a subies pendant cette longue suite de troubles civils et de guerres extérieures qui ont désolé le royaume pendant tout le reste du dix-huitième siècle, sont des événements qui appartiennent à l’histoire, et non aux froides et paisibles méditations de l’économie politique.

Mai 1821.