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leur supériorité en agriculture et en manufactures. Il ne paraît pas qu’ils aient jamais brillé par le commerce avec l’étranger. La superstition des anciens Égyptiens leur inspirait une grande horreur pour la mer ; une superstition à peu près de la même espèce règne chez les Indiens, et les Chinois n’ont jamais porté bien loin leur commerce étranger. La plus grande partie du superflu de ces trois pays paraît avoir été toujours exportée par des étrangers, qui donnaient en échange quelque autre chose pour laquelle il y avait demande dans le pays, souvent de l’or et de l’argent.

C’est ainsi que le même capital dans un pays mettra en activité plus ou moins de travail productif, et ajoutera plus ou moins de valeur au produit annuel des terres et du travail, selon les différentes proportions dans lesquelles on l’emploiera dans l’agriculture, dans les manufactures ou dans le commerce en gros. Les différentes espèces de commerce en gros, dans lesquelles il y en aura quelque partie d’employée, amèneront aussi de très-grandes différences dans les effets.

On peut réduire à trois différentes espèces tout commerce en gros, tout achat fait pour revendre en gros : le commerce intérieur, le commerce étranger de consommation et le commerce de transport[1]. Le commerce intérieur se fait en achetant dans un endroit du pays, pour les revendre dans un autre endroit du même pays, les produits de l’industrie nationale. Il comprend à la fois le commerce de cabotage et celui qui se fait par l’intérieur des terres. Le commerce étranger de consommation se fait en achetant des marchandises étrangères pour la consommation intérieure. Le commerce de transport se fait en commerçant entre deux pays étrangers, ou en transportant à l’un le superflu de l’autre.

Le capital qui est employé à acheter dans un endroit du même pays, pour le revendre dans l’autre, le produit de l’industrie de ce pays, replace en général, à chaque opération qu’il fait, deux capitaux distincts qui avaient été tous deux employés, soit en agriculture, soit en manufacture, et par là il les met en état de continuer leur fonction. Lorsque ce capital emporte une certaine valeur de marchandises hors de la résidence du marchand, il y rapporte ordinairement en retour une valeur

  1. Plusieurs auteurs, et entre autre Montesquieu, ont donné à ce commerce le nom de commerce d’économie.