Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/582

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furent d’abord absolument personnelles, et ne regardaient que quelques particuliers qui jouissaient de ce privilège, ou durant leur vie, ou à la volonté de leurs protecteurs. Dans les extraits fort imparfaits qui ont été publiés du Grand Cadastre[1], à l’article de plusieurs villes d’Angleterre, il est souvent fait mention, tantôt de la taxe que certains bourgeois payaient chacun au roi ou à quelque autre grand seigneur pour cette sorte de protection, et tantôt seulement du montant de toutes ces taxes en somme totale[2].

Mais, quelque servile que puisse avoir été dans l’origine la condition des habitants des villes, il paraît évidemment qu’ils arrivèrent à un état libre et indépendant beaucoup plus tôt que les cultivateurs des campagnes. Ce fut un usage commun de bailler à ferme, pour un certain nombre d’années, moyennant une rente fixe, tantôt au shérif[3] du comte, tantôt à d’autres personnes, cette portion des revenus du roi, provenant de ces capitations, dans une ville particulière. Les bourgeois eux-mêmes eurent souvent assez de crédit pour être admis à affermer les revenus de cette espèce qui se levaient dans leur ville, en se rendant conjointement et solidairement responsables de la totalité de la rente[4]. Il était, à ce que je crois, très-conforme à l’ordre pratiqué ordinairement par tous les souverains de l’Europe, dans l’économie de leurs revenus, d’affermer de cette manière. Ils avaient souvent coutume de louer la totalité de leurs terres en masse à tous les tenanciers de ces terres, lesquels devenaient conjointement et séparément responsables pour la totalité de la rente, mais avaient en revanche la permission d’en faire la collecte comme ils jugeaient à propos et de la payer dans l’échiquier du roi par les mains de leur propre bailli[5], et par là étaient entièrement affranchis des insolences des officiers royaux, circonstance qui était alors comptée pour beaucoup.

Au commencement, la ferme de la ville fut vraisemblablement affer-

  1. Domesday-book, terrier général de toutes les terres d’Angleterre, fait sous Guillaume le Conquérant, et d’après lequel tous les propriétaires remirent leurs terres entre les mains du roi, pour les tenir de lui à titre de fief militaire.
  2. Voyez le Traité historique des Villes et Bourgs, par Brady, page 3, etc.
  3. Le vicomte ou lieutenant du comte.
  4. Voyez le Firma Burgi de Madox, page 18, ainsi que l’histoire de l’échiquier, chap. x, sect. 5, page 223, première édition. (Note de l’auteur)
  5. L’officier chargé de la collecte.