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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/114

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introduction

nant tout, même ses préjugés. Nul n’était plus propre à tenir également compte des leçons de l’expérience et des nécessités de l’innovation[1]. »

Avant d’étudier le fonctionnement des nouvelles écoles, il est bon de se reporter en arrière et de voir ce qu’était l’enseignement secondaire dans l’ancien régime. Les Jésuites et l’Université en avaient, en quelque sorte, le monopole. Les premiers, se préoccupant surtout de la forme, s’attachaient presque exclusivement à apprendre à leurs élèves à écrire élégamment en latin. L’histoire ancienne n’était enseignée qu’accidentellement chez eux et l’histoire de France était presque entièrement proscrite. Pas de sciences, sauf un peu de géométrie. La philosophie est celle d’Aristote. « Discipline à la fois ferme et douce, usage fréquent des distractions et des récompenses, représentations théâtrales qui sont en même temps pour les élèves des leçons de tenue et de bonnes manières, large part faite aux exercices du corps, natation, escrime, équitation, et même aux arts d’agréments, rares sorties dans les familles et courtes vacances pour les internes, surveillance sévère des externes même, maisons spacieuses, bonne nourriture, salles propres et élégantes[2] », tels avaient toujours été les procédés de la célèbre Société et ceux des autres congrégations enseignantes notamment des Oratoriens.

Fermée obstinément aux idées nouvelles, à la philosophie de Descartes, l’Université était devenue, au xviiie siècle, le vrai sanctuaire de la routine. Écrasée par la concurrence des Jésuites, des Oratoriens et de quelques autres ordres, elle ne trouvait rien de mieux que de copier timidement leurs méthodes, enseignant à ses élèves du latin, mais peu ou point d’histoire et de géographie. À la fin des études, le professeur de philosophie consacrait quelques-unes de ses leçons aux principes sommaires des sciences phy-

  1. Eug. Despois, loc. cit.
  2. Lud. Carrau, L’éducation en France depuis le xvie siècle (Revue des Deux-Mondes, 15 janvier 1880).