Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
mémoires

des restes de grottes taillées dans la brèche volcanique et un moderne oratoire dédié à saint Joseph.

J’ai voulu, à trente ans d’intervalle, revoir notre vieux rocher, me rendre compte de ce qu’il était aux premiers temps, et découvrir, s’il se pouvait, les traces des diverses populations qui l’ont habité.

Les Gaulois, nos ancêtres, divinisaient les pierres, les fontaines, les grands arbres, et le culte druidique s’accomplissait au sein des forêts profondes et sur les cimes les plus élevées. Ces hommes primitifs, à la vue de cette masse sombre surgissant du fond de la vallée, durent être saisis d’étonnement, d’une sorte d’effroi religieux, et, pour se rendre propice la divinité de ce mont, ils lui dressèrent des autels. On remarque, en effet, au point culminant, des cavités de forme carrée communiquant entre elles au moyen d’une rigole taillée dans la pierre. Ces cavités, au nombre de quatre, mesurent environ 8 décimètres carrés et ont 16 centimètres de profondeur. Il en existe une cinquième, mais en partie détruite. Ne doit-on pas considérer ces creux comme de véritables roches à bassins autour desquelles les habitants de cette vallée, adonnés à d’idolâtriques superstitions, venaient faire des libations et offrir des sacrifices à l’une des divinités de la théogonie celtique ? Une hache en serpentine, trouvée sur ce point, orne le petit musée créé par M. l’abbé Fontanille, fondateur de la chapelle de Saint-Joseph.

Le rocher d’Espaly fut-il un oppidum à l’époque gauloise ? Tout semble l’indiquer. Où rencontrer, d’ailleurs, un lieu plus facile à défendre que ce dyke escarpé et isolé de toutes parts ? Quel asile plus sûr que sa plate-forme d’où l’œil pouvait découvrir l’ennemi à de grandes distances et déjouer ses efforts ? Inaccessible de tous les côtés, une poignée d’hommes intrépides suffisaient à le préserver d’attaques hostiles.

L’époque romaine est ici caractérisée par des tuiles à rebords, des débris de ciment et un gracieux petit vase en verre, à reflets verdâtres, à deux anses, d’orifice très étroit et décoré de huit