Aller au contenu

Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
mémoires

évêque d’Angoulême. L’histoire de ce synode a fourni à M. Rocher la matière d’une narration fort attachante, appuyée sur bon nombre de pièces, sinon inédites, du moins négligées par nos hagiographes. Le travail de notre confrère met en relief une belle figure d’évêque, que Gissey et le frère Théodore avaient effleurée d’une plume trop rapide, mais l’intérêt principal de la notice dont s’agit réside en deux points d’histoire vellave que M. Rocher a discutés oralement avec une grande compétence.

Ces deux points se formulent ainsi :

1o La substitution, en Velay, d’évêques francs aux évêques gallo-romains à partir de 732 ;

2o Les origines du pouvoir temporel des évêques du Puy.

Abordant la première partie de sa thèse, M. Rocher part d’un principe érigé aujourd’hui en axiome. Il constate que l’Église gallo-romaine resta debout au milieu des ruines qui jonchèrent la Gaule après les grandes invasions. Le clergé national, en effet, résista sur notre territoire aux écroulements des Ve et VIe siècles, et, maintint à peu près intactes sa hiérarchie et son influence. Au lendemain de la conquête, les prêtres et les évêques continuèrent d’appartenir à la race indigène. Les Francs, en fait, sinon en droit, se tinrent éloignés du sacerdoce. Ces étranges convertis avouaient eux-mêmes leur incapacité et leur indignité. Leur seule vocation était celle des armes. Les carrières pacifiques, l’étude des lettres, constituaient pour eux une déchéance. Avant d’entrer dans un cloître, il fallait subir la tonsure. Tondu, on n’était ni leude, ni chef, ni même simple guerrier : on était à peine franc. Des décrets royaux défendirent aux hommes libres l’accès du ministère ecclésiastique. Autour des premiers rois de la dynastie mérovingienne, on ne voit qu’un cortège de prélats gallo-romains. Clovis courba la tête sous l’onction de saint Rémy, le plus illustre représentant des vaincus. Les successeurs immédiats de Clovis respectèrent l’indépendance de l’Église établie, mais, à partir de Chilpéric et de Frédegonde, les nouveaux maîtres comprirent, avec les sûrs ombrages de l’égoïsme souverain, que le monopole des fonctions religieuses assurait