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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/257

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mémoires

Les vapeurs de benzine, et mieux encore les vapeurs de sulfure de carbone, sont propres à détruire les bruches sorties du fruit, c’est là un fait acquis. Il est plus difficile de s’assurer de la mort de celles qui, renfermées encore dans la lentille, ne sont en contact avec les vapeurs qu’en admettant leur pénétration à travers les membranes. Il y a là une étude à faire ; mais, le premier cas étant acquis, le séjour de la semence dans un milieu à température élevée fera sortir la majeure partie des insectes et on pourra alors les détruire. L’expérience de la semence avec des lentilles saines ou réputées telles est illusoire. Lorsque je l’ai pratiquée, j’ignorais le mode de propagation de la bruche : pour qu’elle eût une valeur, il faudrait qu’elle fût faite dans un champ complètement isolé, à grande distance de tout autre pouvant lui envoyer des insectes. Il n’y a qu’une possibilité d’employer la désinfection avant l’ensemencement, c’est d’en faire l’application à toute une contrée : peut-être en arriverons-nous plus tard à ce résultat et à l’utilisation pour la semence des quelques spécimens de grains dévorés par les bruches ; en attendant, nous donnons de prime abord aux cultivateurs le conseil de ne semer autant que possible que des lentilles saines, sans quoi ils contribuent eux-mêmes à la propagation des insectes et à la diminution de la valeur du produit.

En attendant que nous puissions réaliser le desideratum de la semence indemne d’insectes, j’ai dû m’occuper de sa destruction lorsqu’il existait et chercher pour cela le moment le plus favorable. Trois substances ont été employées par moi : la chaux, le plâtre et la suie. Il m’a semblé que le début de la floraison était l’époque la plus favorable pour appliquer les insecticides, puisque nous avons vu que c’est à ce moment que l’insecte fécondé dépose ses œufs. Une circonstance fortuite a failli arrêter mon expérience : le 1er juillet, la grêle est tombée en telle abondance que j’ai pu croire un moment mes carrés d’expérience entièrement détruits : ils se sont relevés et, aux premières fleurs, après avoir constaté pendant un jour de soleil la présence de bruches sur les feuilles, j’ai semé à la volée les substances