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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/7

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mémoires

que signala le cortège habituel des luttes féodales : meurtres, pillages, incendies et excès de tout genre. Au cours de la querelle, l’évêque Robert fut attiré au château de Vertaizon où se tenaient apostés ses ennemis les plus dangereux. Pons de Chapteuil et sa femme livrèrent leur hôte et seigneur, qui fut fait prisonnier et dont les gens subirent les plus cruels outrages. L’Église prit fait et cause pour la victime du guet-apens ourdi par Pons de Chapteuil. Sous les auspices de Guillaume de Sully, archevêque de Bourges, un traité de paix fut conclu en juillet 1199 entre l’évêque et son frère. Aux termes de ce diplôme que Baluze nous a transmis dans son second volume, p. 78, d’après le Trésor des Chartes de Turenne, le prélat, tout en protestant contre la félonie de Pons de Chapteuil et de sa femme, promit de ne rien faire contre ses vassaux pendant cinq ans à partir du jour de la Madeleine, mais il se réserva tous ses droits à l’expiration de ce délai. Aussi, dès l’année 1204, demanda-t-il vengeance et justice à la cour du roi. Philippe-Auguste, qui se mêlait volontiers des affaires d’Auvergne, et venait de lutter avec ardeur contre le roi d’Angleterre, Richard Cœur-de-Lion, pour la conquête de cette province, fit citer et cita lui-même de sa propre bouche Pons et Jarentone, à comparaître en sa présence pour se laver de l’accusation infamante portée contre eux par l’évêque. Au troisième appel, les inculpés firent répondre qu’ils ne voulaient se défendre que devant le roi d’Aragon. C’est alors qu’à Paris, en janvier 1204, le roi, de l’avis des barons de son conseil, rendit un arrêt par lequel le château de Vertaizon était adjugé à l’évêque et à son église, à charge de foi et hommage à la Couronne[1].

Jarentone ou Gérentonne avait apporté en dot à son mari, Pons de Chapteuil, le fief de Vertaizon : les deux époux ne se laissèrent point expulser de leur demeure sans regimber vive-

  1. Baluze, dans ses Preuves, p. 73, donne le texte intégral de l’arrêt. Le Gallia Christiana, Eccl. Claromontensis, t. II, col. 274, et Chabron, Coutumes d’Auvergne, IV, 594 et 798, confirment le récit de Baluze.