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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/119

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mémoires

Suisse. Dès les premiers jours, il rencontra Roland qui visitait alors les mêmes pays. Le futur inspecteur général des manufactures et du commerce apprécia notre novice négociant qui, sans trahir les intérêts sérieux qu’il avait à servir, mettait dans les connaissances de goût une activité que rarement l’on conserve dans le négoce « où s’anéantissent, pour l’ordinaire, toutes les facultés qui ne se rapportent pas à lui »[1]. Roland, alors âgé de 45 ans, se prit d’affection pour ce jeune homme ; et lorsque le premier, Lanthenas regagna la France, ce ne fut pas sans promesse réciproque de se revoir à Lyon qu’eut lieu la séparation.

Lanthenas revenait d’Italie tout transformé ; il n’avait eu qu’un goût médiocre pour le commerce, carrière où il avait été poussé, sans être consulté, par la volonté inflexible d’un père de l’ancien régime. La faiblesse de sa constitution qui ne se prêtait pas aux longs voyages et aux grandes fatigues, et plus encore ce qu’il avait vu et entendu, achevèrent de l’en détourner. Il revenait, souffrant, chargé de livres, d’estampes, avec une curiosité qu’il ne se connaissait encore pas et une inclination singulière pour les sciences naturelles. Prétextant son état de santé, il quitta ses patrons et il se mit à suivre avec assiduité les leçons de mathématiques et de physique de Charles-Joseph Devilliers, membre de l’académie des sciences de Lyon. Un riche banquier, ami des lettres, M. Nicolau de Montribloud[2] lui ménagea la connaissance particulière du savant.

  1. Roland, Voyage en Italie, t. VI, pag. 117.
  2. M. de Montribloud, qui était en même temps receveur général des deniers communs et octrois de la ville de Lyon, était un ardent collectionneur. Il avait formé un riche cabinet d’histoire naturelle et de physique, fruit de 25 ans de travail pendant lesquels cet amateur n’avait rien épargné pour se procurer les morceaux les plus capitaux et les plus rares. Il y avait fondu les trois plus beaux cabinets de Paris, ceux de Dargenville, de Mme de Boisjourdain et M. Davila. À la suite de spéculations malheureuses, il se vit obligé, en septembre 1781, de suspendre ses payements et de se défaire de son cabinet. M. Devilliers en dressa l’inventaire : Catalogue raisonné d’histoire naturelle et de physique qui compose le cabinet de M. de Montribloud. À Lyon, chez Jacquenod, libraire, rue Mercière, et à Paris, chez Durand. 1782, in-8 de 367 pag.

    La vente de toutes ces richesses eut lieu en 1783. Elle ne pouvait sauver M. de