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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/121

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mémoires

Roland avait noté toutes les impressions de son grand voyage dans une série de lettres qu’il avait adressées à celle qui devait être sa femme, à Mlle Phlipon. Il lui envoya également la description de son voyage[1]. Ce qui donne quelque intérêt à ce récit assez écourté, du reste, c’est que Roland puisa dans cette excursion des connaissances positives sur l’importance de notre commerce local de dentelles et sur la fabrication de ces élégants tissus, connaissance qu’il devait utiliser dans le Dictionnaire des manufactures et métiers qu’il publia, en 1785, dans l’Encyclopédie méthodique (t. I, p. 243, 244).

Après avoir visité tour à tour Givors, Saint-Chamond, Saint-Étienne, les deux amis abordèrent enfin le Velay à Monistrol.

Mais cédons la parole à Roland :

« Monistrol, autre petite ville à cinq lieues de Saint-Étienne, plus encore dans les montagnes, sur une hauteur d’où l’on voit une grande étendue de la Loire, est la première du Velay. La maison de campagne de l’évêque y est située. On y fait, d’ailleurs, beaucoup de blondes et de dentelles, dont le grand commerce et les principales fabriques sont au Puy. Les humains, ainsi que dans tous ces environs, y paraissent de bonnes gens, serviables, pourvu qu’on se montre sans fierté.

L’Étoile d’or est une bonne auberge. Avant d’arriver à Monistrol, on passe la Sumène, petite rivière qui sépare le Forez du Velay et dont les rives sont abondantes en pâturages.

De Monistrol au Puy, on passe à l’embouchure, dans la Loire, du Lignon, chanté par nos anciens poètes[2] : il

    sévère, mais mérité, de Mme Roland sur la faiblesse de son caractère, car il ne mourut que le 2 janvier 1799, à Paris.

  1. Lettres écrites de Suisse, d’Italie, de Sicile et de Malte, par M. [Roland], avocat en parlement, de plusieurs académies en France, et des Arcades de Rome, à Mlle [Phlipon] à Paris, en 1776, 1777 et 1778. Amsterdam, 1780, 6 vol. in-12. — Voir pour le voyage au Puy, t. VI, lettre XLII.
  2. Relevons l’erreur de Roland, erreur au reste partagé par J.-J. Rousseau. Notre Lignon, malgré les beautés incontestables de ses bords, beautés méconnues par Roland, n’est point celui qu’a chanté H. d’Urfé dans l’Astrée. Le vrai Lignon naît et meurt dans l’arrondissement de Montbrison ; après avoir traversé la