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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/150

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variétés historiques et biographiques

Un autre écrivain, également fort expert en ces matières, est encore plus explicite. D’après lui, le saphir du Puy « est fort léger, d’une couleur blanchâtre, mêlée de bleu, fort changeante et peu agréable à la vue ». Toute l’estime qu’on en peut faire est de mettre celui d’un carat à trois livres, tandis que le prix du carat du saphir oriental ou de l’œil-de-chat est de douze livres. Au-dessous d’un carat, il n’y a pas lieu d’employer le saphir du Puy[1] ».

À la vérité, quelques autres auteurs sont moins sévères pour nos saphirs indigènes. Mais ce ne sont plus des gens de pratique et d’expérience, connaissant le commerce des pierres fines, leur valeur vénale, les procédés de leur taille. Ils se bornent le plus souvent, à dire où on les trouve. C’est d’abord Laurent Catelan, le crédule historien « de la nature, chasse, vertus, propriétés et usages de la Lycorne[2] ». Il assure que le saphir du Puy a la beauté et la solidité de celui de l’île de Ceylan. Puis, c’est la célèbre baronne de Beausoleil qui, dans l’inventaire des richesses minérales de la France dressé par elle en 1640, rapporte qu’en Velay il existe une mine de saphir bleus et blancs très bons[3].

Quoi qu’il en soit de ce débat que nous ne pourrions trancher, le saphir du Puy est la seule pierre de nos contrées que l’on trouve, croyons-nous, mentionnée dans les inventaires.

Au second rang, nous trouvons le grenat. Cette pierre d’un rouge de vin, penchant tantôt sur le violet et tantôt sur l’orange, se tire de tout pays, la France comprise. Nos grenats désignés sous le nom de jargon, de jacinthe du Puy ou d’Auvergne, avaient, d’après Catelan, la lucidité de ceux du Levant, mais manquaient de solidité. Cependant simplement polis, ils furent assez fréquemment employés par nos orfèvres locaux à

  1. Pierre de Rosnel, le Mercure indien, 2e partie. Paris, 1669, in-4o, pag. 9 et 17.
  2. Montpellier, Jean Pech, 1624, pet. in-8o.
  3. La Restitution de Pluton, édit. donnée par Gobet dans les Anciens minéralogistes de France, 1779, in-8o, t. I, pag. 359.