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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/173

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mémoires

du monde les mieux faits et de la plus grande mine ». « Le son de sa voix, la grâce avec laquelle il parlait, mettait dans son entretien une espèce de charme qui allait jusqu’à la séduction. »

Enfin, — ce qui ne gâte rien, même aux yeux des princesses, — il usait libéralement, comme il fit toujours, « de tous les biens de la fortune, sans les compter et sans presque les connaître ».

Il fut donc l’âme des réunions de Sceaux, et tant il fallait d’aliments divers pour satisfaire l’imagination ardente de la duchesse, qu’il fut de son goût de passer des impromptus, un peu fades, de Malézieux, ou du pauvre abbé Genest, aux communications éclatantes de l’abbé de Polignac.

Ce qui lui plaisait dans ce dernier, c’étaient moins, sans doute, les marques de son érudition déposée dans l’Anti-Lucrèce, que sa parole tour à tour puissante et caressante, ses reparties heureuses, ses saillies piquantes partant comme des flèches et comme marquées d’un coup d’œil vif de l’esprit.

C’était surtout lorsque mettant de côté les vers latins héroïque de l’Anti-Lucrèce, l’abbé de Polignac, se délassant de cette fatigue causée par la versification d’une langue morte, quelque familière qu’elle lui fût, laissait tomber de sa verve quelques bons vers français improvisés et sans prétention. Ces vers français — et il n’est pas douteux qu’il en ait fait, — j’ai cherché longtemps sans pouvoir en découvrir. Voici cependant quelques vers tirés du précieux recueil intitulé les Divertissements de Sceaux (Paris, 1712, in-12), qui ne sauraient être que de Melchior de Polignac. Ils ne sont pas signés, il est vrai ; mais le lieu où ils furent improvisés, au commencement de l’année 1703, nous autoriserait déjà, même à défaut d’autres preuves, à les lui attribuer.

C’était à Saint-Ouen, chez sa nièce, cette Marie-Armande de Rambures, dont les Mémoires ne parlent que trop et qui devait si mal finir un an plus tard[1]. S’ils ne sont pas signés, comme

  1. Elle mourut en septembre 1706.