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Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/112

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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

sine, ils n’ont besoin que de connaître les résultats. L’assentiment général à ces résultats, ou la valeur des hommes qui les ont trouvés, les dispense de chercher à se les démontrer à eux-mêmes.

Ainsi, pour prendre un exemple des plus simples, on peut parfaitement employer les formules de la trigonométrie tout en ayant oublié leur démonstration. Un peut se servir d’un microscope sans savoir comment il est construit et comment on a calculé la courbure des lentilles.

Si dans les sciences un peu complexes, comme celles qui ont la matière pour objet, on ne pouvait se servir que de données, de formules et d’instruments, dont on s’est démontré à soi-même la rigoureuse exactitude, la vie se passerait à préparer la science et point à la faire avancer.

Les cours de science appliquée devraient donc être largement ouverts, non seulement à ceux qui ont fait toutes leurs études secondaires, mais aussi à ceux qui, après avoir fait des études primaires, ont prouvé qu’ils sont capables de suivre avec fruit l’enseignement supérieur ; puis aussi aux jeunes gens, plus nombreux qu’on ne pense, que des conditions momentanées de santé, de fortune, de famille ont empêché de faire des études régulières, mais qui n’ont pour titres que leur intelligence et leur bon vouloir.

3o L’enseignement par lui-même est insuffisant ; il lui faut une sanction. Pour les sciences appliquées en particulier, l’élève tient à emporter une preuve qu’il a suivi le cours avec fruit et à pouvoir se servir de ce témoignage pour se créer une position. De là nécessité d’examens et de diplômes.

Il n’y a rien à dire des examens qui sont la conclusion normale des cours. Quant aux diplômes, ils peuvent être discutés dans leur appellation et dans leur distribution.

On a proposé de désigner sous le nom d’ingénieurs les diplômés des cours appliqués. En effet, le nom d’ingénieur se donne, dans la pratique, à ceux qui appliquent la science à l’industrie ; de plus, il est d’un usage libre. Tout le monde peut s’appeler ingénieur comme professeur. Mais il s’agit de diplômes décernés au nom de l’État, qui n’a pas à suivre les particuliers dans la voie de leur réclame commerciale et qui ne peut pas confondre sous le même titre les élèves des Écoles spéciales et ceux qui se sont bornés à suivre un cours de science appliquée.

Les Facultés n’ont à délivrer que des certificats comparables aux certificats qu’elles donnent pour les cours de science pure ; mais il est bon que tous ces certificats, qu’ils soient de science pure ou de science appliquée, soient égaux et procurent les mêmes avantages.