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Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/17

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L’UNIVERSITÉ DE PARIS SOUS PHILIPPE-AUGUSTE

chancelier de l’Université, cancellarius universitatis scolarium, » il y a place pour une autre prééminence, celle du plus ancien professeur. Celui-ci jouira de privilèges honorifiques : il aura le pouvoir de fixer la date et la durée des vacances scolaires ; on voit poindre ici l’autorité du chef de la Faculté, que les textes postérieurs appelleront le doyen.

La corporation de Montpellier a donc ses chefs et, en partie, sa juridiction propre. Un autre article du statut de 1220 met hors de doute son caractère d’association de secours mutuel contre l’étranger. « Si un maître est attaqué dans sa personne ou dans celle d’un des siens par quelqu’un qui n’est pas de l’école, tous les autres maîtres et écoliers, requis à cet effet, lui apporteront conseil et aide ». Entre les membres du personnel enseignant doivent s’établir des relations de bonne confraternité. « Si un professeur est en litige avec un de ses élèves, au sujet de son salaire ou pour toute autre raison, aucun professeur ne doit sciemment recevoir cet élève, avant que celui-ci ait donné ou promis satisfaction à son ancien maître ». Défense aux professeurs de se faire une concurrence déloyale : « Qu’aucun maître n’attire le disciple d’un autre maître pour le lui enlever, par sollicitation, présent ou quelque autre moyen que ce soit » Une dernière clause prouve, en toute évidence, qu’il s’agit bien d’une espèce de confrérie : « Maîtres et étudiants assisteront tous avec exactitude aux funérailles des membres de l’Université ».

L’Université est une confrérie, composée presque entièrement de clercs ; maîtres et étudiants portent la tonsure ; ils constituent, dans leur ensemble, un organe d’Église. Dire que la fondation des Universités a été l’un des signes caractéristiques d’une émancipation de l’esprit dans le domaine religieux et que le « mouvement universitaire » eut pour objet principal de remplacer par des corporations pénétrées de l’esprit laïque, les écoles cléricales des chapitres et des abbayes, c’est commettre la plus lourde erreur. Les Universités sont des associations d’ecclésiastiques organisées religieusement. Le premier acte émané de l’Université de Paris (1221) est une lettre adressée aux religieux de l’ordre de St-Dominique récemment établis à Paris[1]. Les universitaires demandent aux dominicains de participer, comme confrères, au bénéfice de leurs œuvres spirituelles ; ils sollicitent la faveur d’être enterrés dans leur église on dans leur cloître avec les mêmes honneurs funèbres que ceux qui sont réservés aux membres de la congrégation. Et pour achever de s’édifier sur le caractère tout religieux de ces associations scolai-

  1. Chart. Univ. Paris., no 42.