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Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/24

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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

arts libéraux. Après le quadrivium, on quittait l’école, nanti d’un bénéfice. Ou l’on renonçait à la théologie, ou l’on y revenait plus tard, après une interruption plus ou moins longue, par plaisir, pour échapper à l’ennui de la vie de chanoine ou de curé. L’étudiant qui ne se contentait pas de l’instruction du premier degré, avait le choix entre les différentes matières d’enseignement supérieur, médecine, droit canon, droit civil, théologie ; mais, en homme pratique, il commençait à rechercher la plus lucrative. Avec le droit civil, il pouvait devenir juge et administrateur dans les cours des seigneurs laïques ; avec le droit canon, il était apte aux mêmes fonctions auprès des seigneurs d’Église. La médecine devenait un métier déjà nourrissant. C’était la théologie qui pâtissait de cet esprit nouveau ; mais ceux qui dirigeaient le clergé et voulaient le maintenir dans ses voies traditionnelles, ne pouvaient admettre qu’on la sacrifiât. La théologie, la science par excellence, la fin dernière de l’enseignement tout entier, devait être protégée contre les utilitaires ; et tout fut mis en œuvre, en effet, pour entraver cette tendance fâcheuse et conserver à l’Université de Paris son caractère de centre international des études théologiques. Au commencement du xiiie siècle, un chancelier de Notre-Dame, Prévostin, blâmait sévèrement, dans un sermon, les jeunes clercs qui délaissaient l’Écriture sainte pour se vouer au droit civil. On verra plus tard la papauté interdire les études de droit.

Achille Luchaire,
de l’Institut.